Xynthia : des parlementaires UMP plus que mouillés !

Publié le par APLE

Xynthia O-F 31-03-10

Ouest-France, 31/03/10

Un hyper président qui, bien qu’il ait préconisé un assouplissement des permis de construire en zones inondables, promet, dans ses passages éclairs, de faire toute la lumière ; un hobereau qui, du haut de sa superbe, sermonne ses féaux ; des parlementaires UMP aux soutiens et prophéties hasardeux ; des élus locaux, qui, ne voulant pas porter seuls le chapeau, accusent l’état de n’avoir pas résisté à leur pression, sinistre comédie après le passage de Xynthia.

Dès le lendemain du drame, le Président du Conseil général de la Vendée, Philipe de Villiers, fustigeait les promoteurs qui ont fait du fric – c’était à eux de reloger les victimes : du quasi socialo-communisme qu’il faisait – et déplorait que le conseil général n’ait pas la compétence juridique pour l’urbanisation. Mais si le conseil général n’a pas la compétence juridique qu’il réclame, il oubliait quand même que le premier vice-président du conseil de l’époque (était-ce déjà B. Retailleau ?) siégeait à la commission des sites qui en 1999 et 2002 a voté à la quasi unanimité deux avis favorables pour les lotissements des Doris et des Voiliers à La Faute-sur-mer. Comme l’a rappelé Sylviane Bulteau, élue socialiste au conseil général, de Villiers a toujours favorisé le tourisme et l’urbanisation pavillonnaire, dévoreuse d’espace, près de la côte. Est-il le mieux placé pour donner des leçons ?

Xynthia Canard 31-03-10

Le Canard enchaîné, 31/03/10 

 

Les parlementaires UMP de la Vendée eux sont nettement trempés par la déferlante. Le député Caillaud et le sénateur Oudin, comme le révèle Le Canard enchaîné – copies de courrier à l’appui – ont soutenu à fond le Maire de La Faute-sur-Mer pour maintenir le camping municipal, situé sur le domaine public maritime. Le 16 septembre 2004, le sénateur Oudin écrivait : « Actuellement, le camping de la Faute-sur-Mer se trouve parfaitement protégé de toute submersion marine » (camping, heureusement vide le 27 ,où toutes les installations et mobil-hommes ont été submergés). Il y a des phrases qu’on préfèrerait ne pas avoir écrites ! Et Caillaud, loin de faire profil bas, demande le 23 mars à Borloo, l’accélération de la mise en place des Plans de prévention des risques d’inondation.

Plan, justement, contre lequel, le maire de la Faute a mené pendant six ans une âpre bataille de procédures pour en repousser la promulgation. Au bout du compte, le vilain état, en la personne du préfet de l’époque, a décidé d’imposer ce PPRI, dont ce maire ne voulait visiblement pas. Mais, sans effet bien sûr, sur les lotissements déjà autorisés. « En septembre 2009, écrit le Nouvel Observateur, une réunion consacrée au durcissement du PPRI et à l'extension des zones interdites à toute construction a donné lieu a une passe d'armes. Le ton est monté. […] l'édile de La Faute, a clamé que « les digues ne casseraient jamais ». La sous-préfète [des Sables d’Olonne] est sortie de ses gonds : «Je souhaite pour vous qu'il n'y ait jamais de morts. » » La décision de fermeture du camping municipal – contre laquelle les parlementaires UMP s’élevaient – avait aussi provoqué une manifestation à laquelle des conseillers généraux s’étaient associés (c’est bien connu les technocrates n’y connaissent rien). Et le tribunal administratif, saisi par le maire, avait annulé la décision préfectorale.

« D'où viennent ces gens qui ont détruit nos dunes ?» feignait de s’interroger le vicomte Le Jolis de Villiers de Saintignon. Et bien du coin ! Libération a bien expliqué qui est qui.

Cette catastrophe était à la fois prévisible (un ingénieur de la DDE avait pointé très précisément le risque de submersion) et imprévue (des décennies de tranquillité amenaient à l’aveuglement). Mais, pour rester dans l’euphémisme, il y a quelque indécence chez certains à jouer les donneurs de leçons, pour d’autres à oublier qu’ils ont participé à une action de lobbying forcené, et pour des élus de terrain à ne pas avoir le courage d’assumer leur responsabilité.

Mais il est sûr qu’une commission d’enquête parlementaire, préconisée par le Sénateur MPF (et vice-président du conseil général), Bruno Retailleau, à laquelle les députés MPF (et vices présidents du conseil général), Véronique Besse et Dominique Souchet, participeraient, ne pourra qu’apporter toute la lumière, demandée par celui qui fait président.

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