Vœux d’humilité pour le maire

En cette période les vœux tombent comme la neige. Famille, amis… La boîte est pleine de souhaits de bonheur, santé auxquels on répond dans la même tonalité encourageante. Et puis, un matin, voilà une chose bizarre, un peu grise, un peu triste, des gens souriants sur une photo qui eux aussi y vont de leurs meilleurs vœux… Alors on parcourt, on relit plusieurs fois cette curiosité votive. Vœux de bonheur, santé ? Non pas mais une invitation à rejoindre, cotisation dans l’écuelle, une équipe, si on partage les mêmes vues sur l’action évidemment éclairée de la majorité municipale. Le genre invitation au denier du culte de la personnalité. Du grand art de poudre aux yeux entre Elisabeth Tessier et Alain Afflelou. Cette gentille équipe dit s’appeler Luçon encore plus loin. Bigre quelles perspective, dommage qu’on fleure qu’elle ne vise en réalité que le futur concours municipal. Alors on craint que cet encore plus loin ne touche bientôt la falaise.

D’autant que pour appâter le chaland, elle utilise le micro-trottoir (sans négliger d’ailleurs la savoureuse utilisation de la faute d’orthographe) pour étaler les extraordinaires réussites des élus en place. Pas des gens qui construisent mais mettent à jour, de lumineux archéologues, des fiers bâtisseurs de communication et ripolinage. Le micro-trottoir retranscrit c’est, en général, un peu comme les publicités mirifiques des magazines pour gris-gris et onguents écrites par la main tendue de leurs propres inventeurs.

Là on est amené à l’extase. Quels sorciers ces élus, avoir à la fois, en si peu de temps, sorti de terre le merveilleux jardin Dumaine, répandu sur Luçon un climat doux et tempéré. Maintenant grâce à ces contes d’apothicaire, j’ai enfin pris conscience de la chance que j’ai de vivre à Luçon. Même au milieu d’une voirie trouée, de rues, trottoirs, micro-trottoirs livrés des jours au verglas, aller à la piscine signifiant aller à la patinoire, même dans le bain d’une culture bien sur elle et ciblée. Même si pour cela je dois acquitter des impôts déjà lourds et qui eux aussi vont surement aller encore plus loin.

Non, je ne saurais être ingrat pour cette réveillée qui m’a tendu les bras et dont les élus ont un tel pouvoir climatique même peut-être de faire revenir la mer au port. Quand je pense que j’aurais pu échoir à Fontenay ou à La Roche-sur-Yon dans une météo incertaine et gauchie même si le rapport impôts sur service est d’une autre température… Que n’ont-ils à temps cependant, mes très chers élus, remis à jour la gabelle pour éviter la gamelle ?

Allez l’année ne fait que commencer, je leur souhaite à tous de continuer à faire le beau temps de nos boîtes aux lettres. Je ne souhaite pas pour le premier d’entre eux des vœux un peu décalés de chasteté mais peut-être d’humilité.

Un Luçonnais de fraîche date, même un peu verglacé.

Y. H.